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Centre de Musique Baroque de Versailles, Fort dans les écouteurs, Guide des émotions, l’Académie de Musique Gheorghe Dima, patrimoine musical français, Vlad Crosman
Après l’avoir découvert sur le web, je lui ai écrit tout de suite pour le connaitre, voir qui est ce Roumain (Le Seul Roumain) qui chante du baroque au Centre de Musique Baroque de Versailles. « Oui, bien sur! Je viens à Versailles pour scanner quelques partitions », il me répond. Et on se donne RDV devant la statue de Louis XIV à l’entrée du Château du Roi Soleil. Un lieu emblématique pour Vlad…
« Quand je suis arrivé à Versailles, il y a trois ans, pour le concours du Centre de Musique Baroque, cette statue a été ma première « destination ». Je me suis posté devant Louis XIV et dans ma tête y avait deux pensées : C’est peut être la première et la dernière fois que je la vois, il faut bien profiter de cette rencontre, tout visiter. Et dans le même temps, j’avais l’impression que j’appartenais déjà à cet endroit, à Versailles. Après quelques jours, j’ai eu la réponse: j’ai été pris pour un stage de 3 ans au Centre de Musique Baroque de Versailles », raconte Vlad Crosman, qui vient de passer un autre examen à la Sorbonne pour un master de 2 ans en Recherche et Interprétation Musicale (toujours dans le domaine du baroque).
Après une licence en chant classique et régie d’opéra obtenue en Roumanie à l’Académie de Musique Gheorghe Dima de Cluj-Napoca et quelques concerts, Vlad Crosman a été repéré par des « chasseurs » de talents baroques d’Allemagne et France qui lui ont parlé du Centre de Musique Baroque de Versailles.
Comme en Roumanie, la musique baroque n’est pas très appréciée, les concerts ne sont pas si nombreux et le besoin d’un challenge professionnel était très fort, Vlad vient à Versailles pour le concours. Un concours très dur, qui n’a rien à voir avec ceux de la Roumanie. Perfectionniste, grand bosseur et très talentueux, il ne passe pas inaperçu et est accepté pour 3 ans au Centre de Musique Baroque de Versailles. Ici, avec un Japonais, un Hongrois, une Canadienne et les autres Français (au total 17 chanteurs), Vlad participe au développement et à la promotion du patrimoine musical français du XVII et XVIII siècle.
3 ans dont il a profité à chaque seconde, 3 ans avec des heures et des heures de français ancien, latin gallican, de la technique vocale, la théorie, la lecture de partitions, musique de chambre, des cours de langue italienne et allemande romantiques ou modernes, stages de danse baroques, etc. « Pour moi, la musique occupe toute ma vie, donc c’est un plaisir, jamais une corvée », se confie Vlad qui, ici à Paris, se sent dans son élément, libre de s’exprimer et se manifester.
Depuis son arrivée en France, Vlad Crosman a été invité en Roumanie deux fois pour chanter. En France, il a chanté presque partout dans les grandes villes, et la grande majorité des concerts et spectacles dont il fait partie sont enregistrés et promus par Radio France Musique. Son aventure au Centre de Musique Baroque de la Cour du Roi Soleil lui a permis de chanter aussi au Centre for Performing Arts de Beijing, Chine, à Rome, en Allemagne et je suis sure que ce n’est que le début pour ce Roumain de 26 ans (maintenant, Vlad est à Zurich, ou il est allé pour étudier, la semaine prochaine il sera à Grenoble, l’été est plein de concerts, en septembre il y a des chances qu’il continue sa collaboration avec le Centre de Musique Baroque de Versailles … ).
« Je suis très content de tout ce qui m’arrive ici en France. Ici l’environnement est propice pour avoir une évolution favorable. Je ne sais pas ou je serai dans 5 ans. Je sais que dans mes 2 ans à venir, je vais suivre ce master à la Sorbonne, car la recherche m’intéresse beaucoup. Et j’espère avoir aussi beaucoup de concerts. Je suis fier d’être un roumain qui participe à la découverte et la promotion du patrimoine français« .
Et cette fierté je l’ai vue, et sentie tout au long de cette rencontre avec Vlad Crosman. Et il aimerait bien avoir la possibilité de la partager. Aussi en Roumanie. Faire une classe spéciale baroque à l’université de Musique ou/et, pourquoi pas, une école d’été… Il a des idées, car cette expérience lui apprend beaucoup. Et continue à lui apprendre.
Pendant notre rencontre, je l’ai entendu rire. Beaucoup. Et il rit de bon cœur et sincèrement. Il m’a parlé également du plaisir d’écouter Joe Dassin, de son régal de chanter dans la langue de Tchaïkovski, mais aussi de sa passion, la cuisine, et de l’envie d’ ouvrir, un jour, une brasserie avec les plats cuisinés par lui-même… Et j’ai la certitude que rien n’est impossible pour Vlad Crosman…
Credit photo: archive perso Vlad Crosman