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bonjour

Quand je suis arrivée en France (il y a 4 ans), je suis restée 3 mois dans le Sud-Ouest, pas très loin de Pau (le Paradis, à mon avis). Après, je suis montée sur Paris (pour faire un Master) et j’y suis toujours pour (encore) quelques temps (pas beaucoup j’espère, car le Nooord me casse… me donne le cafard – je vais développer tout ça dans un autre post bientôt 🙂 ).

Depuis que je suis ici, j’ai beaucoup appris/(re)découvert. Cette ville m’a fait apprendre des choses sur moi même, car chaque jour est un défi. Même la politesse à Paris. Oui, je sais c’est drôle de mettre côte à côte « la politesse » et « Paris », si on pense à tous les clichés.

A la maison, chez mes parents, dans une petite ville du nord-est de la Roumanie (Piatra Neamt), j’ai appris les bonnes manières, comme tout le monde – dire « Bonjour », « Merci », « S’il vous plait », « Au revoir », ne pas parler avec la bouche pleine, respecter l’heure d’un RDV, même tendre l’autre joue (cette dernière vient de ma grand-mère, une grande croyante). Bref, ils m’ont appris les bases quoi. A Bucarest, où j’ai fait mes études et où je suis restée 10 ans, j’en ai pris plein la gueule avec ma politesse. Un peu comme un extraterrestre dans les magasins&co avec mes « Bonjour » et « Au revoir ». Seulement les vieux l’apprécient. Au bout d’un moment, j’ai pris une pause et j’ai arrêté d’être si bien élevée – je me suis adaptée en quelque sorte :).

Quand je suis arrivée à Paris et je suis entrée dans une boulangerie m’acheter une baguette dans mon quartier, j’étais reçu avec  « Bonjour! Vous allez bien? Merci! Au revoir! A bientôt! » Et tout ça avec un grand sourire. Sans blaguer, j’ai eu un choc! Je me suis demandée qu’est-ce qui lui arrive à ce boulanger, il veut un truc de moi, pourquoi autant d’attention? Qu’est-ce j’ai fait? Au fil des jours, je me suis rendue compte que c’est normal, c’est comme ça, les gens te sourient, te demandent si tu vas bien, etc. Certes, c’est un commerçant, mais il sait très bien comment fidéliser sa clientèle, créer en quelque sorte une relation avec le client, en étant souriant et respectueux.  Et, d’un coup, la journée devient plus… rose! Il ne faut pas penser que c’est partout comme ça, mais d’après mes expériences, je me déclare très satisfaite et contente de pouvoir ressortir… ma politesse.

Moi, j’adore aller au marché le dimanche matin. Et j’ai observé qu’ici, à Paris, c’est une coutume d’y aller avec les enfants, faire une petite balade matinale et leur faire découvrir plein de légumes, fruits, voir ‘le spectacle’ des marchants qui font pleins de blagues, ils annoncent à voix haute les dernières offres, prix, etc. Au début,  quand il y avait des commerçants qui faisaient des blagues, je ne les regardais même pas, mais ils continuent, et moi j’étais très gênée. Je me suis habituée avec leur énergie débordante et leur bonne humeur. Et j’adore quand ils me reconnaissent – « Bonjour! Vous allez bien? Comme d’habitude? ». J’ai même appris à un commerçant à dire « Merci » en roumain (Multumesc) 🙂 Une relation s’est créée. C’est un truc qu’à Bucarest/Piatra Neamt je n’ai jamais vu, malheureusement. En Roumanie, au marché je vois souvent des grand mamies, les pauvres, qui sont là avec un bouquet de persil qui veulent le vendre pour survivre. Et pour moi ça me fait de la peine que je sens quand je vais au marché, ça me fait mal au cœur…

Quand je vais au Monoprix dans mon quartier, par exemple, je suis tellement pressée que j’oublie mes manières – « Où je peux trouver la polenta ( dont je n’arrive JAMAIS la trouver)? », et la vendeuse, visiblement agacée, me réponde: « BONJOUR, madame! ( avec un « bonjour » aigu et presque avec une envie de me frapper; et moi, quand j’attends ‘Madame’…m’arrache les oreilles) La polenta se trouve…. ». Oui, ça m’arrive d’être malpolie, comment les serveurs dans les terrasses parisiennes 🙂

Ahhhh, les terrasses parisiennes où le respect et les manières sont presque… inexistantes. Finalement, ça ne change pas beaucoup de Bucarest, de la Roumanie. Le service est pareil, sauf qu’en Roumanie, quand un serveur te dit « Immédiat!’ il ne faut pas y croire, parce que la notion de immédiat est très relative ( « comme un peu partout en Roumanie, me chuchote un Français, expat pendant 3 ans »)  . Au moins en France, le serveur ne te dit rien. Et tu attends, tu attends (de 10 à 20 minutes pour un verre de vin), et quand cela arrive, il te demande de payer car il finit son programme. Sans blague!!!Mais au moins  il te dit « Au revoir, A bientôt »:)

En Roumanie il y a des fortes chances que ton « pourboire » te sera retourné (jugé pas assez consistant) – ça m’est arrivé à Bucarest et à Cluj (avec un taxi). Oui, il y a des serveurs à Bucarest qui se sous-estiment, il faut y croire! ;). Ton « pourboire’ est une honte pour lui, un manque de respect –  le Roumain a des niveaux assez élevés, il ne faut pas le sous-estimer. 

Quand on monte en gamme, la politesse existe, mais à un autre niveau. Si dans les boutiques de luxe de Bucarest il n’y a rien a signaler (il y a du naturel), à Paris c’est autre chose, car ici il y a des codes à respecter – IL FAUT sourire, IL FAUT dire « Bonjour, madame! Bonjour, monsieur! Bienvenue chez….. », IL FAUT…. et tout est faux. Tout commence avec le faux sourire – pour moi, faux jusqu’au dégoût! A ce chapitre, je préfère le naturel brut des boutiques de Bucarest à la fausse politesse des boutiques parisiennes.

Une forme de politesse avec laquelle j ai toujours du mal, c’est quand m’adresser à une personne avec le tutoiement ou avec le vouvoiement « VOUS »/ »TOI ». Depuis mon enfance, j’ai appris à m’adresser avec VOUS auprès des mes parents, mes grand-parents, les personnes âgées en général –  vue comme une forme de respect. En France, quand quelqu’un (et surtout quand il s’agit d’une personne beaucoup plus jeune) me dit « VOUS », j’ai l’impression d’avoir tout d’un coup 108 ans (et ce n’est pas vrai! 🙂 ). Pour moi, VOUS c’est le GAP, la distance crée entre deux personnes (ou plusieurs), car cette forme de politesse je la résume à l’age. Et si je t’appelle avec TOI, ça ne veut pas dire que je te respecte moins. Mais comme plein de choses en France, il faut lire entre les lignes et comprendre les subtilités (un autre sujet que j’ai hâte d’aborder).

Credit photo: hotelierpaca.blogspot.com (Le Chat, Philippe Geluck)

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