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L’année dernière, au début du mois de novembre j’ai découvert sur Toulouse le Festival du film Roumain- MOTOR et avec lui Cinéma, Mon Amour – LE documentaire sur Victor Purice, gérant, ses deux employées Lorena et Cornelia et leur combat pour préserver Dacia Panoramic, le cinéma de ma ville natale Piatra Neamt. l’un des derniers cinémas de la Roumanie qui n’a pas capitulé devant le système et la vague de centres commerciaux qui ont envahi la Roumanie.
Ce cinéma a été pour moi le cinéma de mon adolescence, où j’ai vu Titanic au moins 7 fois et chaque fois j’ai pleuré comme pas possible; c’est ici que j’ai vu Romeo&Juliette, je me souviens de la salle pleine à tous les films… Et oui, quand j’ai vu ce documentaire sur la lutte âpre et la force incroyable de Monsieur Victor pour sauver le Dacia Panoramic j’ai encore pleuré (presque 20 ans plus tard) mais dans un cinéma de Toulouse. Et je me suis jurée: quand je retourne à Piatra Neamt, je dois aller voir le Dacia Panoramic (que je n’ai pas vu depuis 2 décennies) et ce Grand Monsieur Victor, juste pour lui serrer la main et le remercier pour tout ce qu’il fait.
Et OUI, je m’y suis rendue par une fin d’après-midi ensoleillée d’avril dernier. Je suis à l’entrée du cinéma, je me remémore les queues que je faisais devant pour prendre mon billet il y a 20 ans, je regarde les graffitis que j’ai vu dans le documentaire… ce mélange de neuf et de vieux, quand tout d’un coup, deux voix joyeuses derrière moi: «On peut vous aider?» Je me retourne et je vois deux visages connus avec des sourires énormes. «Ohhhh, je vous reconnais – c’est vous, je vous ai vu dans le documentaire. Je voulais vous remercier pour tout ce que vous faite», je lance sans hésiter. Ce sont Lorena et Cornelia, qui me remercient un peu gênées, me conduisent à l’intérieur, toujours avec la banane, et elles me demandent : « Vous voulez voir monsieur Victor ?» ; « Oui, c’est juste pour le remercier pour tout ce qu’il fait », je dis, émue.
A l’intérieur, je reconnais tout. Ou presque: le guichet (où on lit très clairement la phrase Un jour on fume, Une autre jour on ne fume pas, Aujourd’hui on ne fume pas) la grande salle d’attente, les affiches, et j’observe la confiserie avec du popcorn… une odeur qui me donne vraiment envie.
En quelques secondes, dans la salle d’attente, le Grand Monsieur fait son apparition. Il est vraiment Grand (il a été aussi arbitre de volley) . Et déterminé. Avec un sourire dans le coin des lèvres, les yeux pétillants, il vient vers nous et moi je lui serre chaleureusement la main pour le remercier. Dans ma tête c’était – venir le remercier et lui souhaiter bonne continuation et le laisser tranquille. Finalement, on passe plus d’une heure avec Victor Purice, Vic, Victor, Puricescu, Bicu (oui, j’ai eu le temps d’apprendre qu’il a plusieurs surnoms… d’après ses amis, petits-enfants, etc). Et tu ne peux plus bouger quand tu l’écoutes, tu es captivé par ce Grand Monsieur qui veut mettre à terre les centres commerciaux avec son cinéma Dacia.
Debout, avec une cigarette pas encore allumée dans la main, dans ses chaussures de taille 46, Vic nous parle de cette nouvelle génération qui est son allié dans cette lutte, la fillette qui est devenue son invité car elle est venue avec ses parents au cinéma, la corruption qui ne trouvera jamais sa place dans le cinéma Dacia Panoramic, sa famille partie en Italie (où il est allé travailler, mais il n’a pas pu rester plus d’un mois loin de son cinéma), son père qui a du apparaître dans le documentaire- c’est bien lui qui lui a donné de l’argent de sa pension de retraite pour acheter des matériaux de construction pour le cinéma, sa maison qui est ce cinéma… A chaque phrase que Monsieur Victor sort je me demande d’où vient autant d’énergie, de force, de volonté sans faille : «L’amour pour le cinéma, la nouvelle génération», j’attends ces mots… Et je vois la grande affiche avec Le Gladiateur, mais je ne vois plus le visage de Russell Crowe...
Je l’ai trouvé très réel dans le documentaire, mais dans la vraie vie, Monsieur Victor Purice est époustouflant, pour moi ça a été une rencontre qui m’a beaucoup marquée! Il ne connait pas mon nom, il ne sait pas qui je suis, et ce n’est pas très important, car ce sont ses actes qui comptent, sa force.
Et combien de choses il veut encore faire… On aurait pu rester parler encore une semaine et quelques jours. Ça ne m’arrive pas souvent de rencontrer quelqu’un de si passionné et passionnant, d’un optimisme, une énergie et d’une force infinie, et je sais que si je ne l’avais pas rencontré, ça aurait été pour moi une énorme perte. C’est quand tu vois des gens comme Victor Purice que tu te rends compte que l’espoir existe toujours, que Victor Purice est un vrai ambassadeur de Piatra Neamt, du cinéma, un modèle à suivre.
Le documentaire Cinéma, mon amour va être diffusé dans les salles de cinéma sur Paris à partir du 6 Mai 2017 et Monsieur Victor y sera présent. Il ne faut surtout pas le louper – c’est une bouffée d’oxygène, c’est une rencontre à ne pas manquer pour rien au monde.
Ma conclusion est cela – si un jour tu déprimes, tu vas à Piatra Neamt, au cinéma Dacia Panoramic pour voir Vic, tu le trouveras au guichet, où est sa place. Il va t’apprendre les choses importantes de la vie !